JADE WITRANG
TRANSCENDANCE ET EXPÉRIENCE DE L’ESPACE
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L’usage du terme « transcendant » a été vulgarisé et galvanisé par la société ; quand on entend une personne dire que quelque chose est transcendant, en réalité elle veut dire que cette même chose est singulière, qu’elle surpasse les autres choses du même domaine ou plus familièrement, génial. Transcendant signifie « qui dépasse », « qui va au-delà » ou qui est à l’extérieur du domaine considéré, il peut aussi être d’une nature supérieure. Par opposition, ce qui est accessible, du même niveau ou interne au domaine considéré est, ce que l’on nomme immanent. Certes, l’expérience religieuse est toujours une expérience de transcendance et la transcendance semble venir de la religion au point d’en être considérée comme une caractéristique non seulement essentielle, mais même inséparable et exclusive. Mais la transcendance se retrouve partout et non seulement dans les architectures religieuses. Et pourtant, le concept de transcendance est l’un de ceux qui engendrent le plus de soupçons et de résistances pour le faire accepter à certaines personnes, même à ceux qui ont déjà vécu cette expérience ou qui n’ignorent pas que tout n’est pas dû à l’immanence. Pour ma part, il est difficile de comprendre cette résistance, cette méfiance que les gens peuvent avoir par rapport à mon sujet, alors qu’il me parait incontestable que chaque homme a déjà ressenti cette expérience au moins une fois dans sa vie. En effet, l’une des affirmations en philosophie est que croire en la transcendance est le fait de reconnaître que l’homme n’est pas tout, qu’il a affaire à quelque chose qui ne dépend pas de lui. Bien évidemment, mon sujet prête soit à la métaphysique soit au contraire à l’antimétaphysique. Personne toutefois ne songera à nier que le concept de transcendance est incontestablement un terme, une notion encore floue et difficilement définissable.
Dans le domaine des arts, la transcendance est une sorte d’au-delà dont l’œuvre d’art fait indistinctement ressortir la présence à travers son existence sensible. Etienne Souriau en tire une définition dynamique de l’art : « L’art consiste à nous conduire vers une impression de transcendance par rapport à un monde d’êtres et de choses […] soutenu par un corps physique aménagé en vue de produire ces effets. » Au-delà de la nature générale de l’art, on peut observer une recrudescence et une recherche du transcendant et ainsi l’homme a le désir d’accéder à une forme de transcendance. On peut observer dans nos sociétés actuelles, un besoin, une aspiration au transcendant, mais à l’écart des formes traditionnelles des religions occidentales qui sont en perpétuelle perte de vitesse. Par le passé, l’homme exprimait ce besoin par l’édification de construction religieuse, de lieu de culte. La question que peut se poser le designer d’espace est alors comment satisfaire ce besoin de transcendance sans passer par les formes de religions instituées ?